Le syndrome du canal carpien est la compression nerveuse la plus fréquente au membre supérieur. Il peut provoquer des « fourmis » dans les trois premiers doigts, une perte de force dans le pouce, des douleurs au poignet, … On le retrouve fréquemment chez les femmes après 50 ans ou dans certaines pathologies professionnelles. Le traitement du canal carpien est fonction de sa sévérité.

Le canal carpien désigne un tunnel formé par les os du poignet en dessous (le carpe) et un ligament (le ligament annulaire) au-dessus. Dedans passent neufs tendons fléchisseurs et un nerf : le nerf médian.

 

Le rôle du nerf médian est double :

  • Sensitif : il donne notamment la sensibilité des trois premiers doigts et de la moitié du quatrième.
  • Moteur : il commande la plupart des muscles du pouce.

 

Parfois les tendons fléchisseurs du canal carpien peuvent gonfler. Cela survient à diverses occasions : modifications hormonales, importante sollicitation, certains traitements, etc… Comme le canal carpien est inextensible, le nerf médian se retrouve comprimé : il s’agit du syndrome du canal carpien.

 

Le terme de canal carpien, bien qu’il désigne au départ la structure anatomique sous-jacente, désigne dans le langage courant le syndrome de compression du nerf médian au canal carpien.

 

Facteurs Favorisants

 

Certains facteurs peuvent favoriser l’apparition d’un canal carpien. Mais cela n’est pas obligatoire. On retrouve notamment :

  • Des antécédents de fracture ou de luxation au poignet
  • Le sexe féminin est plus représenté, avec un risque accru à la ménopause
  • Le diabète
  • Les maladies inflammatoires comme la polyarthrite rhumatoïde
  • Certains médicaments, dont notamment l’anastrozole (Arimidex) utilisé dans le cancer du sein
  • L’obésité
  • Toute situation favorisant l’œdème. En particulier la grossesse (les canaux carpiens apparaissant durant la grossesse disparaissent le plus souvent dans l’année suivant l’accouchement).
  • Les dysthyroïdies
  • Certains métiers, surtout lorsqu’il existe une exposition aux engins vibrants ou des gestes répétitifs (chaine de production)

 

Symptômes

 

Les premiers symptômes du canal carpien sont essentiellement des paresthésies (fourmis) dans le territoire du nerf médian (pouce, index, majeur, moitié de l’annulaire). 

On retrouve également des douleurs au poignet et à la main, qui peuvent même irradier à l’avant-bras (rarement jusqu’à l’épaule).

Ces symptômes réveillent parfois les patients, qui sont alors obligés de secouer la main pour diminuer la gêne. En journée, les tâches qui nécessitent des flexions prolongées et un maintien en élévation du poignet exacerbent la symptomatologie (par exemple conduire ou téléphoner).

Lorsque le canal carpien devient sévère, les fibres motrices du nerf médian sont atteintes. La force du pouce diminue. C’est alors que les patients ressentent des lâchages d’objets et une difficulté à effectuer certains gestes : ouvrir une bouteille, boutonner une chemise, coudre, …

 

Examen Clinique

 

De manière fréquente seul l’interrogatoire permet d’orienter vers le diagnostic. Les symptômes évoqués précédemment sont rapportés tout ou partie. Il existe des manœuvres permettant de déclencher les douleurs et les paresthésies (tableau ci-dessous), néanmoins leur fiabilité est inconstante.

Ce n’est que dans les stades avancés, avec déficit moteur, que l’on retrouve une fonte de l’éminence thénar (muscles du pouce) et une baisse de la force du pouce au testing.

 

Signes cliniques 

SymptômesSensibilité (%)Spécificité (%)Description
« Flick Sign »9396Le patient est capable de soulager les paresthésies en secouant la main
Test de Tinel36 à 5077Percussion du canal carpien 
Test de Phalen57 à 6858 à 73Compression et flexion du canal carpien
Hypoesthésie3988Sensibilité de l’index diminuée par rapport à l’auriculaire
Baisse de force dans le pouce29 à 6565 à 80Perte de force en abduction
Amyotrophie de l’éminence thénar12 à 1690 à 94 
Poignet carré (“square shaped wrist”) 5380Epaisseur du poignet équivalente à sa largeur (travailleur manuel, agriculteur)

 

Diagnostics différentiels

 

PathologieCaractéristiques
RhizarthroseDouleur du pouce, palpation de l’interligne trapézo-métacarpien, radiographies
Radiculalgie C6Douleurs cervicales, atteintes isolées pouce et index
Tendinite de De QuervainDouleur à la styloïde radiale
Syndrome du rond pronateur (compression du médian au coude)Douleurs d’avant-bras, hypoesthésie éminence thénar, faiblesse extension du pouce / extension du poignet / pronation avant-bras
Syndrome de RaynaudDéclenché par le froid, changement de couleur des doigts
Compression du cubitalParesthésies des deux derniers doigts, faiblesse des interosseux
Arthrose du poignetMobilisation du poignet douloureuse, Radiographie

 

Examens Complémentaires

 

De manière quasiment systématique, des examens complémentaires sont réalisés avant tout traitement du canal carpien. Ces derniers ont pour but de confirmer le diagnostic de canal carpien, et parfois d’orienter vers des diagnostics différentiels.

 

Electromyogramme

 

Il s’agit de l’examen phare et quasiment indispensable dans le cadre du canal carpien. Le plus souvent il s’agira du seul examen réalisé.

L’électromyogramme est pratiqué par un neurologue. Ce dernier fait circuler un courant à faible intensité dans le nerf médian afin de mesurer des éventuels ralentissements de conduction, qui eux-mêmes traduisent une compression au canal carpien.

Le nerf ulnaire (ou cubital) est également testé.

 

Echographie

 

Le principe est de mesurer les variations de calibre du nerf médian lors de son passage dans le canal carpien. L’échographie peut également apporter des renseignements sur les causes du canal carpien (ténosynovite, syndrome de masse…). Au quotidien l’échographie est surtout utilisée pour réaliser des infiltrations, et très peu dans un but exclusivement diagnostic. 

 

Radiographie

 

Dans le cadre du canal carpien la radiographie n’a d’intérêt que dans une suspicion de forme secondaire (déformation arthrosique ou post-fracturaire par exemple).

 

IRM

 

L’IRM n’a aucun intérêt dans les formes primitives de canal carpien.

 

Traitement

 

En fonction du degré de sévérite, la prise en charge du canal carpien sera exclusivement médicale ou chirurgicale.

 

Formes légères à modérées

 

Il s’agit du canal carpien se traduisant par des paresthésies transitoires, non insomniantes, et sans perte de force.

Dans ce cas de figure il est proposé aux patients de porter une attelle la nuit et de réaliser une infiltration cortisonée (en l’absence de contre-indication). Cette infiltration peut être pratiquée sous échographie.

 

Forme sévère

 

Lorsqu’il existe une atteinte motrice, ou que les signes sensitifs (hypoesthésie, paresthésies) sont permanents et/ou insomniants, le canal carpien est qualifié de sévère. C’est là qu’intervient la chirurgie.

Le principe de la chirurgie du canal carpien est toujours le même : ouvrir le ligament annulaire.

Diverses techniques, endoscopiques ou non, existent. 

Les suites post-opératoires du canal carpien sont marquées par une régression rapide des paresthésies. S’il existe une perte de sensibilité, la récupération se fait sur 3 à 4 mois. Quant à une éventuelle perte de force (formes très sévères), cela demande 4 à 6 mois. 

Chez certains patients des douleurs en regard de la cicatrice et de l’éminence thénar peuvent persister pendant 1 à 2 mois. Cela n’a rien d’inquiétant et n’est en général que peu gênant.

Il faut néanmoins noter que dans certains cas (diabète, âge > 80 ans, etc… ) ces délais peuvent être considérablement allongés.

Les complications sont rares. Il peut survenir une lésion accidentelle du nerf médian ou de sa branche motrice. Comme pour toute chirurgie il existe un risque infectieux. Enfin l’algodystrophie est peut-être la complication la plus fréquente.

 

Combien coûte l’opération du canal carpien ?

 

Le canal carpien est codé AHPA009 (ciel ouvert) ou AHPC001 (vidéochirurgie) par la sécurité sociale. Le tarif remboursé est de 104,50€ (AHPA009) ou 113,44€ (AHPAC001), majoré si le chirurgien adhère à l’OPTAM-CO. Des dépassements d’honoraires peuvent s’appliquer.

 

Canal Carpien et maladie professionnelle

 

Le canal carpien correspond au tableau 57 du régime général (tableau 39 du régime agricole). Voici les conditions retenues :

Travaux comportant de façon habituelle, soit des mouvements répétés ou prolongés d'extension du poignet ou de préhension de la main, soit un appui carpien, soit une pression prolongée ou répétée sur le talon de la main.